Que fait l’art à la littérature? Comment l’écriture s’enrichit-elle de la rencontre avec d’autres formes de création artistique? Comment l’écrivain s’y prend-il pour traduire et rendre lisible la démarche d’un musicien ou celle d’un peintre, par exemple? La relation esthétique avec les objets d’art peut-elle servir de modèle pour penser le rapport aux textes littéraires? Ce sont ces questions – et bien d’autres encore – que le présent numéro remue, en variant les points de vue et les prises de parole, mélangeant réflexion, hommage et témoignage, poésie et récit, textes et images.

Le dialogue des arts et de la littérature fait partie de la marque de fabrique des Écrits, revue de création littéraire qui, dans chacun de ses numéros, consacre un nombre conséquent de pages au portfolio d’un artiste visuel. Ce dialogue, fait d’associations thématiques ou formelles, de croisements et d’interférences, de rencontres tantôt étonnantes, tantôt détonantes, se retrouve au cœur du présent numéro, dont les textes gravitent pour la plupart autour d’images, rendent hommage à une œuvre, réfléchissent sur les rapports entre l’art et l’écriture ou témoignent d’une pratique qui est à cheval entre la littérature et d’autres formes de création artistique.

Un premier dossier regroupe ainsi quelques-unes des interventions qui ont été lues lors de la 45e Rencontre québécoise internationale des écrivains, qui s’est tenu du 20 au 22 avril 2017, à Montréal, sur le thème « Écrire l’art ». Vient ensuite un dossier hommage à Louise Viger, qui signe le portfolio de ce numéro, et dont l’œuvre multidisciplinaire met en résonance et en dialogue différentes disciplines artistiques : arts visuels, poésie, musique ou danse. Nous remercions ici vivement les auteurs qui se sont prêtés à ce jeu d’échos, de transpositions et de métamorphoses entre l’art et la littérature, et tout particulièrement Denise Desautels, qui a cueilli et rassemblé les dix-sept fleurs de ce bouquet que nous offrons à Louise Viger en témoignage de notre estime et de notre gratitude.

Nous sommes aussi heureux d’accueillir dans ce numéro deux écrivaines récemment élues à l’Académie des lettres du Québec. Catherine Mavrikakis, qui succède à André Major en tant qu’écrivaine en résidence de la revue, nous livre ici un fragment de son histoire familiale qui rappelle le rôle qu’a joué, et que continue parfois de jouer dans nos existences, la radio, qui permet à nos rêves d’exister. France Théoret nous livre pour sa part un compte rendu de la correspondance d’une artiste majeure, première femme à avoir reçu le prix Paul-Émile-Borduas en 1983, Marcelle Ferron.

Nous avons enfin le plaisir de publier un texte de Gaëtan Dostie sur la genèse de sa Médiathèque littéraire, qui – soulignons-le – a rouvert ses portes tout récemment à l’église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End, ainsi que la chronique de Monique Deland, qui porte sur le livre Les adieux de René Lapierre.

Lire, écrire et vivre sont des gestes peaulitiques.

– Danielle Fournier et David Desrosiers