Un proverbe portugais nous enseigne que la vie écrit droit entre des lignes courbes. Et bien, ce sont ces lignes courbes qui s’écrivent dans ce numéro, entre le Mexique, la France et le Québec, des liens, des lieux où parfois la parole explose, où les mots s’entremêlent aux langues et aux histoires, au récit que l’on se fait des histoires. Aux femmes et aux hommes, sans égards à leur(s) origine(s), tout attentive qu’est la revue aux diversités, elle est là, présente, dans son partage.
Ce numéro, le dernier de 2019 ouvre sans se refermer : des auteurs qui publient pour la première fois, d’autres reconnus. Des textes qui donnent à penser, à réfléchir, qui donnent envie d’écrire. Des écritures intimes qui révèlent avec discrétion cet amour des mots qui nous portent.
Ouvre sans fermer des horizons calmement tourmentés, sur des ciels ensoleillés d’orage, sans se demander d’où viennent les mots puisqu’ils viennent de partout en même temps, qu’ils se conjuguent au glissement des autres, qu’ils se produisent au moment le plus inopportun. Oui, l’écriture est encore et toujours déplacée dans ce monde où la vitesse n’a d’égale que son éclair.
La revue prend son temps, prend aussi du temps : il faut la tenir dans ses mains, la parcourir du regard, s’arrêter, puis reprendre, la reprendre, suspendre la main dans l’espace, la poser ici et là, sur les pages, nalement tourner ces pages, lentement, très lentement pour laisser entrer en soi ce qui vient de l’autre et accueillir l’inattendu. Alors la surprise, au détour de reconnaître un nom, un mot, une couleur. D’être dans cette posture de tenir des mots et des couleurs dans ses mains.
Ce geste, pourtant simple en apparence, demande beaucoup. Il réclame de la patience, il sollicite un courage tranquille. Il ne s’agit donc pas de privilégier une pratique plutôt qu’une autre, il s’agit de transmettre du vivant, de donner au vivant sa place, une place sereine, si cela est possible, et aussi de poser ce geste de léguer quelque chose de soi à l’autre a n qu’il puisse tenir dans ses mains, entre ses mains, quelque chose d’une vie partagée.
Lire, écrire et vivre sont des gestes peaulitiques.
– La revue