La revue Les écrits cherche tout sauf à être dans l’air du temps. Sans pourtant être anachronique ou archaïque. Elle ne fait pas dans la mode et l’événementiel ; ne connaît pas de date de péremption.
Les textes qu’elle publie ne craignent pas de réinvestir le langage, de superposer divers sens aussi différents soient-ils. C’est que nous souhaitons et ce que nous demandons aux textes, des écritures créatrices de langage puisque celui-ci n’est jamais autre chose qu’une vision du monde, qu’un désir de mondes possibles. En cela, chacun des numéros des Écrits propose une constellation d’écritures et des chemins de traverse afin de rendre à la lecture sa liberté. Nous donnons à lire des textes vivants, toujours inédits, qui appartiennent et relèvent de toutes les époques, de tous les genres, de toutes les cultures, de toutes les sexualités. De partout.
Écrire : relier des lettres. Rêver : faire œuvre de langage, donner au monde intérieur une voie, sa voix. Et lire ce différentiel des images.
Aujourd’hui est déjà hier, demain n’existe pas. Nous reconnaissons l’héritage d’hier, celui qui fait ce que nous sommes; et regardons demain. Nous sommes des lectrices, des liseuses. Et nous aimons ça. Nous lisons des textes périmés, ils nous permettent de mieux comprendre le présent.
Nous sommes dans un siècle d’images, issues d’un long siècle d’images éphémères qui se multiplient les unes les autres et desquelles il reste peu si on ne fait que les accumuler, les collectionner. L’écriture n’est pas un travail de copiste, de faux-semblants. Elle résiste au temps parce que ses images-tornades bouleversent. Parce que fougueuses et fugueuses, elles se rivent au langage, aux mots de tous les jours et à ceux du dimanche, pour dire et faire sentir quelque chose. L’explosion peut-être de la ramification du langage.
Si la revue a changé de grille graphique, elle reste farouchement attachée à cette idée que la littérature est foisonnement et générosité, exubérance et retenue. Elle est un jardin où les abeilles viennent y butiner, une terrasse où un chat sommeille devant des montagnes magiques. Les textes qu’elle publie vont dans multiples directions : la pensée n’est pas linéaire ni l’écriture uniforme.
Et si le monde est pluridimensionnel, alors l’écriture est polysémique et travaille à partir de l’ambigu : l’être humain n’est pas le seul à rêver, mais il arrive encore à mettre des mots et à faire le récit de ses rêves.
Voilà à quoi vous convie ce numéro, des textes de partout écrits avec des lettres qui font des mots qui forment des phrases qui actionnent le levier simple, ô complexe, cependant de la lecture. Mais avec quel bonheur !
– Danielle Fournier, Ariane Grenier-Tardif et Louise Marois